Dans « Au-delà du principe de plaisir » Freud en 1920 décrit le jeu de la bobine. Comment à partir d’expériences déplaisantes l’enfant à travers la compulsion de répétition va pouvoir transformer des expériences traumatiques, douloureuses en expériences tolérables « bonnes à symboliser » selon Winnicott. Le Fort Da témoigne de la maitrise de l’objet introjecté. Il a une valeur symbolique et nous dit aussi que l’enfant est sevré (Winnicott). Précédent le langage et le dessin, le jeu est une représentation symbolique du moi. Les possibilités auto-érotiques et le jeu servent à maîtriser l’excès d’excitation par la répétition. Substitut de l’objet absent le jeu permet une défense contre l’effraction de la pulsion.
La capacité à jouer sous tend l’expérience d’un sentiment de sécurité de base, autrement dit la possibilité d’être contenu qui constitue un véritable axe narcissique et soutient le jeu. Jouer participe à la création de la réalité et du sentiment d’exister qui est lié à la fiabilité de l’objet. Selon Winnicott le jeu participe à la part d’illusion indispensable au fonctionnement de la vie psychique. « Il est universel et correspond à la santé » (Winnicott)
Les conditions premières de la capacité de jouer sont liés aux investissements de l’organisation corporelle à travers les échanges corporels, sensoriels et moteurs précoces avec la mère, qui appartiennent à l’espace potentiel : prendre ou non un objet tendu, les jeux imitatifs du faire semblant orienté vers les plaisirs de l’oralité etc.. Ils stimulent la curiosité du bébé et permettent à la pulsion épisthémophilique de se développer.
Si les psychanalystes d’enfants ont introduit le jeu dans leur pratique et leur technique, son investigation initiée par Freud avec la cure du petit Hans a été poursuivie par d’autres : Hermine Von Hug-Hellmuth Mélanie Klein, Anna Freud etc.. Winnicott, lui, a montré comment le jeu latent s’inscrit au sein des processus transitionnels.
Le jeu comme expression directe de la pulsion utilise des objets concrets en tant que support des représentations de ses objets internes, fantasmatiques et comme des projections de ses rapports à son monde interne. Pour Mélanie Klein les fantasmes décelés par le jeu indiquent la précocité de l’oedipe et du développement libidinal. Elle affirme que le jeu est l’équivalent de l’association libre et du rêve de l’adulte. Avec les enfants, elle soutient qu’il y a une différence de technique et non de nature. Pour le psychanalyste, il interroge – à partir de son contre-transfert – la façon dont « deux aires de jeux se chevauchent » (Winnicott), celui du patient et celui du psychanalyste.
De plus en plus nous sommes confrontés à des enfants qui ont du mal à jouer. Ils sont, soit inhibés, soit débordés par leur excitation interne alimentée pour beaucoup par des « jeux vidéo ». Car il y a une différence de qualité du jeu selon que celui-ci permet l’intégration des mouvements pulsionnels et le jeu de l’enfant qui s’excite de façon compulsionnelle sans pouvoir lier l’émergence pulsionnelle donc sans trouver de satisfaction. Le jeu devient alors acting et n’engendre pas de processus de penser. « Les pulsions constituent la plus grande menace pour le jeu et pour le moi » nous dit Winnicott. Aussi, nous interrogerons les vicissitudes qui entravent la capacité à jouer.
Dans la partie théorique nous examinerons, à travers les textes proposés, l’établissement de la technique du jeu en nous référent au cadre et aux différents modes d’interventions de la part du psychanalyste : interprétation, construction, narration.
Dans la partie clinique nous tenterons de repérer à partir de vignettes cliniques – séquences de jeux – rapportées par les participants les mécanismes psychiques qui empêchent ou pas la capacité de jouer et comment créer les conditions pour qu’elle puisse advenir en identifiant aussi les interventions de l’analyste, sa capacité de rêverie et l’impact transféro-contre transférentiel.
Textes
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- Klein, M : La technique du jeu psychanalytique : son histoire, sa portée (1955) in le Transfert et autres écrits, Puf, 1995, p 25-49.
- Winnicott, D : Jouer Proposition théorique (chapitre III) in Jeu et réalité, (1971), Gallimard, 1975, p 55-79
- Ferro, A : Négation, capacité négative et créativité (2014) in Les viscères de l’âme (2019) Ithaque, p 24-42.
Objectifs pédagogiques
Samedi 09 mai 2026
Séminaire théorique de 2 heures. De 13h30 à 15h30.
Séminaire clinique de 2 heures. De 16h00 à 18h00
Les « Samedis» de la Sepea sont ouverts aux psychothérapeutes qui le souhaitent, sous réserve d‘un entretien préalable avec un membre de la Sepea.
Tarifs & Inscription
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