La place du symptôme somatique dans le processus de la cure chez l’enfant et l’adolescent : aspect théorique et tech

Françoise Cointot et Brigitte Bernion

Notre propos initial était d’interroger la place du symptôme somatique dans la clinique de l’enfant dans différents moments de la cure et dans l’histoire de l’enfant. Ce projet ciblait une clinique très variée des somatisations de l’enfant et de l’adolescent, en référence à des auteurs comme Winnicott, Bion, et ceux de l’École de Psychosomatique de Paris. Chez le nourrisson, cela recouvre les troubles fonctionnels précoces touchant le sommeil ou l’alimentation, l’asthme, l’eczéma ou les troubles de la propreté sphinctérienne. Ces symptômes interrogent particulièrement le rôle des interactions mère ou père/enfant ( objet dit maternel primaire) et ses avatars. Ils posent la question de la constitution du narcissisme primaire et de l’organisation psychosomatique précoce. Chez l’adolescent, les transformations corporelles et psychiques pubertaires, entraînent un remaniement pulsionnel, et peuvent être sources de manifestations somatiques de diverses origines, pulsionnelle ou dans un après-coup de carence de l’objet maternel primaire. Le confinement avec son message double de contrainte d’un côté, d’auto- et d’hétéro-protection de l’autre, n’est pas sans effets sur les thérapies en cours, sur les capacités de contenance parentale et sur l’expression clinique des enfants et des adolescents. Le Covid19 instaure une dimension traumatique collective, désignant une menace potentielle extérieure pour tout un chacun,faisant le lit à la pulsion de mort, perturbant les limites dedans/dehors dans les familles, entre l’intime et le public, dans nos cadres par l’introduction de télé- ou visuo-consultations. Il crée une temporalité sans fin et pose la question d’instaurer une continuité dans la discontinuité, de garantir une permanence de l’objet-analyste sous réserve que cela ait un sens pour nous et pour nos patients. La poursuite de thérapies dans certaines cures d’enfant par visuo-consultations remanie profondément le cadre : -sur le plan du dispositif avec une perte de la richesse perceptive polymorphe d’une séance en présence, la question de la confidentialité par rapport aux parents, -sur le plan technique avec l’aléatoire du maintien possible du dessin et de la possibilité de jeu, -sur le plan des enjeux transféro-contre-transférentiels : Que devient le sens et l’utilisation de l’objet « écran » ou du téléphone par l’enfant, dans la prolongation de son corps et dans la relation au thérapeute ? Quels impacts sur un plan économique et dynamique ? Qu’en est il du pulsionnel et de l’expression des fantasmes originaires et de la destructivité ? Ce séminaire se propose d’interroger les désorganisations somatiques comme des reprises traumatiques liées aux impacts « actuels » de la pandémie Covid et du confinement, sur cette dernière. « La clinique des somatisations de l’enfant est variée allant des plus anodines aux plus graves. Chez le nourrisson, les troubles fonctionnels précoces comme les troubles alimentaires, les troubles du sommeil, l’asthme pour ne citer que quelques-uns, surviennent alors que le psychisme est en cours d’organisation. Ils interrogent particulièrement le rôle des interactions mère/enfant et ses avatars et posent la question de la constitution du narcissisme primaire et du refoulement, de la possible ou non mise en place des mécanismes de défense. L’influence de l’environnement, facteur d’intégration du soma et du psychisme a bien été mise en évidence par Winnicott dans sa description de la « préoccupation maternelle primaire » et par Bion à travers « la capacité de rêverie maternelle ». Ses défaillances entraînent des perturbations qui peuvent se traduire par des troubles somatiques et une prématurité du moi. Chez l’adolescent, les remaniements psychiques de la puberté peuvent entraîner des manifestations somatiques voir une décompensation par un surcroît d’excitations non métabolisables, qui peut interroger l’après coup de traces laissées par un maternel traumatique. Nous nous réfèrerons aussi aux théories psychosomatiques de l’Ecole de Psychosomatique de Paris, qui souligne l’importance de l’économique : tout défaut de fonctionnalité du pare-excitation, source de défaillance des processus d’intégration psyché/soma, déborde la psyché avec une prédominance de décharge par la voie somatique ou comportementale et constitue une entrave à la mise en place de la vie fantasmatique. Les concepts de fixation /régression permettent d’illustrer la construction du symptôme somatique mais aussi le mouvement d’intégration soma/psychisme et la réorganisation que l’analyste accompagne, « dans la dépendance dans le transfert. » (Winnicott).